La saison estivale est synonyme de castration de maïs pour nombre d’agriculteurs comme de jeunes.
En quoi consiste cette activité très prisée par les jeunes comme job d’été ?
Découverte de ce travail à Brocas (40) sur l’exploitation de Jean-Luc Blanc-Simon, vice-président de Maïsadour.
Avant de se demander comment le maïs doit être castré, il faut toutefois comprendre pourquoi il l’est.
Toutes les variétés de maïs ne se castrent pas : seul est concerné le maïs semence*. On cultive du maïs semence pour croiser 2 variétés (semées l’une juste à côté de l’autre dans un même champ) afin qu’elles combinent leurs meilleurs atouts grâce à la reproduction. Cette culture nécessite la castration de la partie reproductrice (la fleur au sommet) d’une des variétés afin qu’elle ne se reproduise pas toute seule comme elle pourrait le faire.
En effet, le maïs est à la fois mâle et femelle : on dit qu’il est monoïque (c’est le cas également de l’asperge ou du kiwi). La partie mâle, la panicule, est située tout en haut de la tige, et la partie femelle au niveau de l’épi. La panicule du maïs produit le pollen, ce qui permet au maïs de se féconder lui-même mais de féconder aussi les maïs aux alentours.
Les champs de maïs semences sont donc semés de façon que les pieds de maïs qui garderont leurs atouts mâles soient séparés de quelques rangs par des pieds de maïs femelles : ce sont ces maïs femelles qui vont donc être castrés.
* Il existe aussi le maïs grain, fourrage ou doux. Pour en savoir plus, consulter le site d’Intercéréales à ce sujet.
Place à la pratique !
Chez Jean-Luc Blanc-Simon, on effectue d’abord un premier passage avec la castreuse mécanique. Cette machine permet de couper les fleurs en haut de la tête du pied de maïs (la hauteur des couteaux est gérée manuellement tout au long du sillon) et de retirer, dans la mesure du possible, le reste de la panicule présent sur la tige, grâce à des pneus situés derrière les couteaux.
Cependant, la machine ne remplacera jamais l’homme, et pour avoir une pureté (de croisement de variété femelles/mâles) de qualité, il faut impérativement compléter par une castration manuelle, afin de pouvoir retirer toute trace d’élément mâle qui pourrait se développer.
Il faut être très réactif lorsque le mâle est en fleur, donc durant cette période, on est 100 % concentré sur ce sujet. Je ne peux être disponible pour rien d’autre. Ça tombe entre le milieu ou la fin du mois de juillet et le début du mois d’août. Il faut être rigoureux, car nous sommes contrôlés tous les jours, et la pureté (qualité) est aussi importante que le rendement futur.
C’est durant cette courte période que les jeunes de la commune de Brocas se retrouvent pour décortiquer, inlassablement, les pieds de maïs femelles.
Cette saison, ils sont 25 !
Ces jeunes se connaissent, ils ont tous le même âge ou presque. Ils sont là tôt le matin, pour ne pas avoir à subir la chaleur pesante des après-midis d’été. Pour certains, c’est la première fois ; d’autres sont déjà venus l’an passé, voire l’année d’avant.
Cependant, qu’ils soient expérimentés ou novices, il y a toujours un premier temps d’explication avant d’entrer dans le champ : comprendre le fonctionnement de la plante, puis pourquoi et comment on doit la castrer.
La pédagogie est importante : elle permet de comprendre pourquoi on pratique ces gestes, ainsi que les enjeux qu’il y a derrière.
L’ambiance est bonne ! Entre les rangs étêtés, on blague, on évoque la soirée de la veille, la prochaine saison sportive, la vie future. Le temps passe vite lorsque les conditions sont bonnes, et vers 10 heures, c’est déjà l’heure bienvenue de la pause.
« Ils viennent jusqu’à 17 ans, et durant deux ou trois ans. Ensuite, ils partent essayer d’autres boulots. Lorsque le bouche à oreille n’est pas suffisant, on fait appel au groupement d’employeurs pour trouver de la main-d’œuvre, mais ça me fait plaisir d’avoir des jeunes que je connais bien avec moi. »
Et en effet, le chef d’exploitation les connaît plutôt bien puisque dans le lot, deux têtes sont un peu plus hautes que les autres : il s’agit de son fils et son neveu, tous les deux étudiants, venus prêter main-forte durant cette période si spéciale.
Ce sont eux aussi qui chapotent le groupe des plus jeunes, permettant ainsi à Jean-Luc Blanc-Simon d’exécuter d’autres tâches tout en gardant un œil sur les adolescents. « Chez moi, les jeunes travaillent bien, et je dois me dépêcher de passer la castreuse si je ne veux pas qu’ils passent sur les rangs avant moi », se réjouit-il. Lorsque la machine s’arrête, Jean-Luc descend pour rejoindre le reste du groupe et finir manuellement dans cette ambiance joyeuse et conviviale, qui donne envie à tous de revenir !
Vous souhaitez en savoir plus sur le job de castreur ? Cette petite vidéo réalisée par l’AGPM peut vous être utile !
